La traduction à l'ère wiki Alain Désilets, Conseil national de recherches Canada Les sites de collaboration massive comme Wikipedia, YouTube et SecondLife sont en train de révolutionner la façon dont le contenu est produit et consommé à l’échelle mondiale. Ces technologies fondamentalement collaboratives auront des répercussions profondes non seulement sur la façon dont le contenu est produit, mais également sur la façon dont il est traduit. Dans cette présentation, nous abordons un certain nombre de questions que soulèvent naturellement ces nouvelles approches dans un contexte de traduction. Premièrement, nous nous penchons sur les processus et les outils qui pourraient être nécessaires pour traduire un contenu qui est constamment modifié de façon collaborative par une importante communauté plus ou moins coordonnée d’auteurs. Deuxièmement, nous examinons comment les traducteurs pourraient tirer parti de ressources linguistiques ouvertes de type wiki. Troisièmement, nous nous demandons si la collaboration massive ne risque pas d'avoir un impact négatif sur la qualité des traductions, et comment cela pourrait être traité par certains outils et pratiques simples. Quatrièmement, nous nous demandons si un entrainement de la machine par un grand nombre d'humains, pourrait permettre d'améliorer rapidement la qualité des engins de Traduction Automatique. Ces quatre questions illustrent de quelles façons la collaboration massive en ligne pourrait changer les règles du jeu de la traduction, parfois en soulevant de nouveaux problèmes, parfois en permettant des solutions meilleures et nouvelles à des problèmes existants. **Biographie** Alain Désilets est un agent de recherche à l'Institut de technologies de l'information (ITI) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), et un membre actif du Centre de recherches en technologies langagières, une institution fondée conjointement par le CNRC, l'Université du Québec en Outaouais (UQO), et le Bureau de la traduction du Canada. Depuis plus de dix ans, il mène des recherches sur les applications des technologies langagières (reconnaissance de la parole, traduction automatique, alignement automatique de textes bilingues, exploration de texte), avec une emphase particulière sur l'atteinte des objectifs réels des utilisateurs. Il est aussi très actif dans le domaine des outils collaboratifs wikis, et il a été président de la conférence WikiSym 2007 qui a eu lieu à Montréal. Il est co-fondateur du LOPLT, un groupe puridisciplinaire de chercheurs du CNRC et de l'UQO, qui vise à mieux cerner les besoins technologiques des traducteurs, par le biais d'entrevues contextualisées menées en milieu de travail. Ses travaux récents ont porté sur des outils d'aide à la traduction permettant aux traducteurs de mieux collaborer et partager des connaissances, dans le contexte de communautés de pratique mondiales.